Passages à vide

 "… Bien sûr, jouer dans de très grandes salles, se retrouver en tête d'affiche dans des festivals énormes, remplir des stades, ça fait envie, mais LA JUNGRA a connu des périodes creuses, des saisons tristes, des "jours sans". Alors, il fallait oublier son ego, prendre du plaisir dans de terribles galères, se produire devant peu de monde, jouer dans l'indifférence générale dans des endroits où la musique accompagnait les repas et donc se devait se jouer pas trop fort pour ne pas déranger les convives. Les membres du groupe ne se formalisaient jamais, ils faisaient le taf en attendant leur heure, ils savaient qu'un jour, eux aussi, seraient tout petits à côté d'écrans géants où leurs visages apparaîtraient en gros plan, que leur nom inscrit sur une affiche garantirait le succès aux organisateurs. Finalement, c'était plutôt amusant, les petites soirées privées. En attendant des jours meilleurs (qui ne sauraient tarder), ils s'éclataient avec ce qu'ils avaient… "

Extrait de Histoire de LA JUNGRA" - Éditions des Lettres & Rock - Dépôt légal : 09/2038



Virage Pop

 … Pour “rester dans le coup”, être invité dans les gros festivals français, le groupe décida dans les années 2020 de se mettre au rythme de l'époque. Il fallait de la chanson française un peu dansante, électro-pop, un peu rock avec des textes pas très clairs et qui dénonçaient des trucs que la clientèle bourgeoise aimait posséder en vinyles collector. Les membres du groupes écoutèrent avec attention Juliette Armanet, Christine & the Queens, Clara Luciani et autre Hoshi. Ça déboitait grave. Cela n'allait pas être facile, y'avait du level comme on dit dans le milieu et parfois autour. Musicalement, les compos se devaient d'être toutes ralenties suffisamment, mais pas trop avec un mixage couillu sans faire sursauter personne. Après quelques mois d'essais, le truc étant acquis, les morceaux tombaient comme des mouches gazées en plein vol. Pour les textes, la formule fut assez vite trouvée. Il suffisait de reprendre des bouts d'articles de presse, mélanger les mots genre Cut-up, ajouter des mots pas courants et qui la foutaient bien et surtout faire bien gaffe à ce qu'on ne comprenne rien vraiment. Le chanteur s'en sortit merveilleusement bien, cela ne le changeait pas trop à 55 %. Le concept général étant l'écologie de la dernière génération qui pourrait sauver le monde (les trentenaires depuis trois milles ans), après mûres réflexions, afin de rester dans le truc tout en marquant un positionnement marketing un peu décalé, la flotte devint le fil conducteur. On allait en manquer, ça c'est sûr et les clips au bords des piscines ont toujours fait recette. Le succès de l'album fut foudroyant et certains morceaux passèrent dans les grands rassemblements écologiques… "

Extrait de "Histoire de LA JUNGRA" - Éditions des Lettres & Rock - Dépôt légal : 09/2038



Authentik, authentik

“... Alors sous l'influence de Kraftwerk, La Jungra s'essaya elle aussi à la musique électronique avec une certaine réussite. Pas très doué en informatique, le groupe se mit à composer des morceaux plutôt bizarres, destructurés, répétitifs et subsoniques. En plein trip arty pop et craignant par dessus tout une sonorité trop aseptisée, il fut décidé collectivement de ne rien enregistrer en studio. Pour rendre l'expérience ultra excitante et compenser la froidure des machines, une prise de son à l'arrache avec deux micros durant un concert dans un hall de gare à moitié vide permit au groupe de réaliser un chef-d'oeuvre impromptu, étonnant et aux sonorités électro-acoustiques surprenantes, formidables et stupéfiantes.

La première édition collector se vend déjà très cher dans le milieu des collectionneurs d'innovations exceptionnelles et remarquables…"

Extrait de "Histoire de LA JUNGRA" - Éditions des Lettres & Rock - Dépôt légal : 09/2038



La carrière solo de Kevin !

“ … Le succès grandissant, il arrive parfois que les têtes gonflent. C’est bien normal. Après tout, comment vraiment savoir à qui on doit la...